Le bilan à la ferme

Cela fait plus d'un mois que nous sommes parties. En fait je triche un peu. Quand j'ai commencé à écrire cet article cela faisait pile un mois que notre voyage commençait. À ce moment même nous étions à Oslo, en train d'attendre notre vol pour le nord de la Norvège.

C'est étrange... Le temps est passé très vite et pourtant​ je comptais les jours avant le départ pour la grande aventure. Qui commence véritablement demain.

Mes sentiments sont mitigés et un peu confus, je dois l'avouer. L'euphorie et l'excitation du début ont laissé place à une certaine routine dont je me suis laissé. Ne me jugez pas. Moi seule peut décider de comment réagir face à ce que je vis en ce moment et ce dont j'ai besoin. J'ai bien conscience de ce que je suis en train de vivre: être dans un pays magnifique, pouvoir faire des rencontres riches en humanité et en émotions, découvrir une nouvelle culture et surtout partir à la conquête de moi même. Mais justement, c'est bien ce dernier point qui ne trouve pas sa place ici.

À la ferme, les jours se ressemblent. 9h-15h, je dois remplir ma tâche de workawayer. 15h jusqu'au coucher c'est le temps libre. Mais sans pouvoir se déplacer, il est compliqué de partir à la recherche de renouveau. Coincée entre deux flans de montagnes je me suis un peu sentie perdue parfois, comme un chien errant qui tente d'exister. Je ne vous parle pas d'existence physique. J'ai deux jambes et deux pieds, évidemment que je peux marcher. Je parle d'existence "spirituelle", d'existence de mon âme et de mon être qui pense.

Le bilan n'est pas négatif, bien entendu! J'ai pu rencontrer des personnes venues d'autres horizons : Jördis, l'allemande de 19 ans qui revient de Nouvelle Zélande et qui voyage en solo - Francesca et Simon, le couple d'italiens qui a décidé de changé de vie pour troquer le stress d'Italie contre une vie paisible à la ferme. Et enfin, Anne-Claire, ma petite frenchie de 24 ans qui voyage seule elle aussi, à la recherche d'elle même et que je compte bien revoir en France. Toutes ces petites âmes qui ont croisé ma route m'ont apporté et m'appporteront quelque chose. Elles ont marqué ma vie durant ce petit bout de voyage.

Malheureusement, je suis un peu déçue de ma relation avec l'hôte de la ferme, Tove. Son comportement et sa manière de nous parler nous a valu un bon coup de stress et de ras le bol. A tel point que nous avons failli quitter le navire. N'en pouvant plus et en essayant tant bien que mal de retenir mes émotions j'ai finalement fini par craquer (vous savez l'effet cocotte minute!). J'ai clairement vidé mon sac mais depuis notre relation s'est améliorée. Quant à Knut, son mari, c'est une personne que j'apprécie réellement, qui est toujours de bonne humeur, drôle, intéressant qui se souci du bien être de chacun.

J'aurais quand même aimé partager plus avec eux. Je conçois bien qu'ils sont très occupés et qu'ils voient passer beaucoup de personnes. Peut-être ai-je mis la barre trop haute vis à vis de mes attentes. Peut-être étais-je plus centrée sur l'humain, le partage que sur le travail comme eux l'entendent... Peut être....

J'attend énormément de ce voyage sur le point personnel. Ce n'est pas simplement voir du pays. C'est tellement plus! J'ai mis la barre très haute sur ce que j'attends​ de moi. Il est clair que j'ai des choses à prouver. Et ce n'est pas dans cette ferme que je l'ai trouvé.

Cependant j'ai pu vivre des moments magiques en en prenant plein les yeux, face à des paysages absolument incroyables et tout ça entourée des bonnes personnes. Nous étions tous ensemble à se sentir petits face aux montagnes qui s'élevaient et se reflétaient devant nous. J'ai grimpé plus de "sommets" en un mois que dans toute ma vie, j'ai eu chaud et froid dans le même quart d'heure, j'ai pu voir la neige, la pluie et le soleil réunis au même endroit au même moment; j'ai pu courir et respirer l'air tellement pur de l'île ; j'ai pu manger de la baleine et du renne (oui, oui... Je suis hébergée dans une famille et je me dois donc de suivre la coutume selon moi), j'ai mangé des glaces avec 2° dehors, j'ai pu descendre de la montagne sur le cucul, j'ai pu ne plus voir la nuit et j'ai pu découvrir ma co-voyageuse et accompagnatrice de blagues pourries, j'ai nommé ma Coco l'asticot.

Et c'est ensemble que demain débute la 2eme partie de notre aventure. Nous prenons le bateau à Moskenes direction Bodø. Puis le train pour arriver à Trondheim au milieu de la Norvège, là où débutera notre trip à pieds. Notre but étant d'arriver à Oslo début Juillet pour le retour en France.

L'excitation, la joie et l'appréhension sont au rendez vous... Nous sommes prêtes dans nos têtes. Si la tête tient les jambes suivront...

TO BE CONTINUED

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